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Author: Island Boutik
L’élan réunionnais de Gérard Louis
C’est avec Bruno Escyle, son alter ego de l’île soeur, que Gérard Louis a concocté un nouvel album. Fusion de rythmes frères sobrement intitulé “Sega Maloya”.
Toujours une longueur d’avance sur les autres, ce sacré Gérard Louis. En bon leader, le chanteur-guitariste- arrangeur a ouvert la saison. Celle des albums de fin d’année. Ces opus remplis jusqu’au ras-bord de sega-tubes, avec en ligne de mire, les réveillons.
C’était mardi 1er novembre. D’accord, le choix de la date est discutable, mais n’empêche que Gérard Louis a eu raison d’éviter l’embouteillage de décembre. Vous savez bien, ce goulot d’étranglement où des albums sortis dans la précipitation se noient dans un océan de “ ti la la eh ”.
Mais reprenons, c’est avec deux brins de chrysanthèmes et une bonne dose de “choula ” que Sega Maloya a été lancé chez nous mardi. L’album est sorti à la Réunion samedi. Au menu des bonnes idées, cette irrépressible envie de se renouveler, d’aller voir ailleurs ( si l’auditeur y est), Gérard Louis s’est associé à Bruno Escyle, leader du groupe réunionnais Apollonia.
Ki sann la sa, direz-vous ? Formation basée à Saint- Paul de la Réunion, Apolonia compte plus de dix ans d’existence. Mené par Bruno Escyle, ce groupe “chante l’amour plus souvent qu’à son tour ”, ( c’est la critique “péi ” qui le dit).
Professeur de musique dans la vie, l’intermittent du spectacle Bruno Escyle a délaissé son studio d’enregistrement (comme Gérard Louis, il enregistre à la maison) pour allier ses compétences à celles de l’arrangeur local. Résultat, un album où le séga (par extension le maloya d’ambiance) est étalé dans toute sa splendeur. Un choix musical qui fait de “l’indianocéanie” un mot aux résonances entraînantes. Ce n’est pas la première fois que Gérard Louis nage dans les eaux de l’océan Indien. Il ya de cela quelques années déjà, il avait l’âme de Fam L’océan, compilation regroupant Sandra Mayotte, Jenny Létourdi des Seychelles et Tiana de Madagascar, entre autres.
Feu Sylvio Ravina, un génial joueur d’harmonica
Que dire du séga-maloya titre ? Sinon, qu’il est difficile de résister à autant de rythmes combinés. Gérard Louis chantant en créole réunionnais vaut le détour, surtout quand, sous la plume de Bruno Escyle, il avance que : “Erezma azordi (sega et maloya) finn sorte dans marénoir.”
Des textes sans prétentions, un florilège de situations du quotidien – des problèmes de couple au premier amour en passant par le Maléré passablement engagé de Sedley Assone – l’album est un de ces divertissements qui se piquent de nous faire réfléchir entre deux roulements de hanche.
C’est non sans nostalgie que l’on ré-écoute les volutes dessinées à l’harmonica par le défunt Sylvio Ravina. L’auditeur retrouve alors avec un plaisir décuplé ce son désormais devenu une marque de fabrique Cassiya-esque. Allié aux solos de guitare de Gérard Louis, c’est ce qui a contribué à l’essor des zenfan Cassis avant leur séparation.
Le sort en a décidé ainsi. Sega Maloya, le dernier album auquel le génial joueur d’harmonica ait collaboré, a été lancé le jour même de ses funérailles. Ainsi va la vie.
Celle qui nous nargue avec ses belles ironies du sort. Ki pou fer ? Alors, avec humilité Gérard Louis reconnaît : Mo pa le roi. Ses richesses sont tout en cuivres – la trompette de Philippe Thomas et le saxo de Jean Noël Ladouce. L’arrangeur se laisse aussi aller à des accents de sitar orientalisant. Séga Alalila.
Source: L'Express (7 novembre 2005)
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